Méditer engage toute notre vie
Frédéric Rochet 04/06/2019

Si la méditation conduit à réduire l’agitation, à l’inverse, tout ce qui contribue à réduire le stress dans notre vie conforte notre pratique.

Nous nous sommes tournés vers telle ou telle tradition méditative avec le souci notamment de « remplacer l’agitation par le calme, la haine par la bienveillance le mal-être par le bien-être. »

Sans doute, la pratique de la méditation répond en partie à nos attentes et vous aide à nous sentir mieux.

Réduire l’agitation pour conforter sa pratique de la méditation

Mais est-ce que cette pratique nous a conduit à changer en conscience des choses dans notre vie ? A renoncer à des activités ou des manières de faire qui gênent ou empêchent l’installation d’un calme durable et profond dans notre existence ? Parvenons-nous à mettre à distance ce qui nous empêche d’être plus libre vis-à-vis de tout ce qui vous agite et crée du trouble ? Réussissons-nous à reprendre en main les champs de notre existence qui jusqu’à présent nous échappaient et qui dépendent directement de nous et de notre responsabilité ?

Avec la méditation, nous devrions désirer une vie qui ressemble de plus en plus à ce que nous expérimentons pendant nos temps de pratique. Même si cela ne va pas sans combats et que notre liberté et volonté restent pleinement mobilisées. C’est à cette condition que notre pratique de la méditation pourra gagner en profondeur et être durable.

Si la pratique de la méditation conduit à réduire l’agitation, à l’inverse, tout ce qui contribue à réduire le stress dans notre vie la conforte. Nous pouvons chercher, autant que cela est dans notre pouvoir, à diminuer tout ce qui contribue à augmenter notre stress, à accélérer notre existence, à provoquer de l’agitation. Bref, à vivre autrement tout ce que nous avons à vivre, en commençant par notre travail.

Pour délivrer les conseils qui suivent (et qui ne sont pas exhaustifs) et que j’essaye moi même de vivre, je m’inspire du livre de Wilfried Stinissen (1) qui peut aider toute personne qui s’engage dans la pratique méditative, quelque soit la tradition choisie.

Prendre de la distance par rapport au travail

Nous pouvons chercher à nous donner à notre travail sans peur, mais sans nous y livrer. Si nous nous livrons, nous sommes perdus et nous risquons de nous y noyer, de ne plus en être le maître mais l’esclave. Notre travail devient notre tyran qui nous excite jusqu’à nous rendre malade. Le signe infaillible est l’agitation, la nervosité, la tension qui conduit finalement à une hypertension. Si nous sommes livrés à notre travail, nous ne savons plus comment l’interrompre ou le terminer quand nous le voulons….jusqu’à être habité en permanence par lui.

Prendre de la distance avec son travail, au coeur de nos journées trépidantes, ne va pas de soi. Un des meilleurs moyens que j’ai trouvé est d’arrêter ce que je fais et de m’extraire régulièrement de mon activité pour vivre ce que j’appelle des ‘retraits’ : ce sont de courts moments (1 à 2 mn) où je m’appuie sur ma respiration, ma posture pour d’abord reprendre contact avec mes sensations corporelles et émotions, avant de me laisser glisser pour rejoindre un niveau plus profond de mon être. Cette pratique, quand j’y suis fidèle, m’aide à ne plus travailler fiévreusement à la surface mais à me situer à un niveau plus profond, celui que l’on goûte pendant les temps de méditation.

Diminuer la stimulation des sens

Bombardés par une telle masse d’informations, d’images et de bruits, nous sommes dispersés, nous sortons de nous-même ou nous restons à la surface de notre être.  Notre cerveau, accro, réclame quotidiennement sa dose de ‘stimulants’. Pour en sortir, pas d’autre possibilité que de chercher à réguler voire réduire le flux, voire parfois l’arrêter.

Je décide, en conscience, des temps de déconnections que je m’impose, et des horaires auxquels je coupe mon téléphone, en fonction de mes occupations et des contraintes du jour. A quelle heure ce soir je décide de l’éteindre ? je ne me contente pas de le mettre en mode avion mais je l’éteins et je le range. A quelle heure je décide de le rallumer… J’ai ressorti mon vieux réveil et je ne le rallume pas dés le lever. Quand puis-je m’en passer ? Je ne le prends pas avec moi au moment du déjeuner pendant ma journée de travail et il m’arrive de le laisser à la maison quand je sors le week-end.

J’ai également choisi de désinstaller certaines applications qui à mon goût accaparaient trop mon temps et mon attention. Je me programme des temps de vrai silence et de solitude qui permettent de sevrer mon cerveau, notamment lors d’une semaine de retraite annuelle.  (On pourra se reporter aux travaux de Michel Van Quyen sur le cerveau et le silence – Cerveau et silence: les liaisons heureuses de la déconnexion).

Développer les capacités de concentration

J’observe que si je vis d’une façon concentrée ma journée, je peux me concentrer plus facilement pendant la méditation.

Faisons ce que faisons , ne faisons pas trente choses à la fois, donnons-nous à la tâche du moment, vivons avec attention. La division de l’attention est dangereuse et provoque souvent des tensions nerveuses. Et le manque de vie concentrée se répercute jusque dans notre méditation.

Une plus grande unité et continuité

Prendre de la distance par rapport à son travail, diminuer la stimulation des sens, développer les capacités de concentration. Normalement la pratique de la méditation devrait nous conduire à désirer cela. En tout cas, vivre de cette manière renforce notre désir de méditer.

Cela nous permet surtout de faire l’expérience d’une plus grande unité dans notre vie, et une plus grande continuité entre ce qui appartient à la méditation et à notre quotidien.

Frédéric Rochet

  1. L’oraison contemplative – Editions carmélitaines
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