Abdennour Bidar, qui se définit lui même comme méditant engagé, vient de publier Les Tisserands (Les Liens qui Libèrent).
Il est à la fois pétri de références religieuses : sa mère, catholique, s’est convertie à l’islam par le soufisme; « son Islam » très « personnel » est nourri par la pratique régulière de la méditation soufie.
Mais il est également très attaché à la laïcité : chargé en 2011 par l’Education Nationale d’une mission sur la pédagogie de la laïcité et la transmission des valeurs de la République, il est à l’origine de la charte de la laïcité à l’école et de l’heure hebdomadaire d’enseignement civique et moral. Il a publié en mars 2015 une lettre au monde musulman qu’il invitait à faire son autocritique et œuvrer à sa propre réforme. (Résumé de la lettre)
Il est à l’origine de Sesame, un centre de culture et de recherche spirituelles : “Sans frontières de cultures, de croyances ni de convictions, nous créons au Sésame le lieu et le milieu d’une nouvelle sociabilité spirituelle, sans maîtres ni disciples mais en égaux où chacun trouve, dans la compagnie de tous, les moyens de construire son propre chemin de sens. Explorer et partager pour réinventer ensemble une vie spirituelle de notre temps qui intègre les héritages pour les dépasser, les métaboliser vers quelque chose qui nous échappe encore et dont chacun de nous porte déjà en lui une intuition” (www.centre-sesame.com). Une manière pour lui de vivre une recherche spirituelle libre vis-à vis des religions. “Comme philosophe, je suis très attaché à mon indépendance : avec mon esprit critique exacerbé, j’ai du mal à rester longtemps dans une institution.” (La Croix-27 avril 2015).
C’est la grande bataille qui vient de s’engager dans tous les domaines entre ceux qui déchirent et ceux qui tissent. Tisserands contre déchireurs.
Dans cet ouvrage, Abdennour Bidar cherche à mettre à l’honneur les Tisserands, ces hommes et ces femmes qui réparent le tissu déchiré du monde, en recréant les trois liens nourriciers que sont le lien à soi, le lien aux autres, le lien à la nature. “C’est la grande bataille qui vient de s’engager dans tous les domaines entre ceux qui déchirent et ceux qui tissent. Tisserands contre déchireurs.”
Grande bataille qui n’est pas sans nous rappeler la méditation des deux étendards proposée par Saint Ignace de Loyola dans ses exercices spirituels pour illustrer le combat spirituel qui est à la fois visible dans le monde et qui traverse le coeur de tout homme.
Abdennour Bidar nous aide à prendre conscience de la convergence de ces trois liens et la nécessité de retrouver le chemin de l’intériorité pour pour résoudre les fractures à l’oeuvre dans le monde. Il est grand temps “d’associer ce qui est resté trop longtemps dissocié: le combat politique et le cheminement intérieur, le bouleversement du monde et la métamorphose de soi, le progrès social et le progrès d’être, chacun étant simultanément moyen et fin de l’autre.”